Fin décembre, j’ai reçu un appel qui m’a fait abandonner tout ce que je faisais.
Celui-ci provenait de l’hôpital où je travaille : des doses supplémentaires du vaccin contre la COVID-19 étaient disponibles ce jour-là. Un système de loterie avait été mis en place pour les professionnels de la santé des premières lignes admissibles et mon nom avait été sélectionné. J’avais deux heures pour me rendre à l’hôpital afin de le recevoir.
J’ai crié de joie. Ma femme également, tout comme mes enfants. Mes parents ont poussé un soupir de soulagement lorsque je leur ai envoyé un message texte. Ils ont tous été si inquiets pour moi. Je travaillais sur un projet à la maison, mais cela n’avait pas d’importance. J’ai pris ma voiture et me suis dirigé directement au centre-ville.
Un nombre croissant de preuves
En premières lignes, ce fut, pour nous, une année longue et stressante. Nous avons tous vu des individus très malades arriver à l’hôpital avec une pneumonie causée par la COVID-19. Nous avons été témoins de décès, plus que ce à quoi nous sommes habitués avec la grippe saisonnière.
Il y a cependant d’autres conséquences de la COVID-19 dont nous ne parlons pas suffisamment. De plus en plus de données démontrent que la COVID-19 est en réalité une maladie vasculaire ou une maladie des vaisseaux sanguins. Des jeunes en bonne santé développent des caillots sanguins dans leurs poumons. Certains patients ont aussi eu des accidents vasculaires cérébraux modérés ou des crises cardiaques alors que d’autres développent une inflammation du cœur entraînant une insuffisance cardiaque. D’autres se rétablissent, mais éprouvent des problèmes de santé continus tels que de la fatigue et des problèmes respiratoires.
Nous avons remarqué des complications non négligeables chez des patients dont les premiers symptômes n’étaient pas alarmants. Il est toutefois important de souligner que la plupart de ces personnes ne meurent pas; elles sont donc répertoriées comme « rétablies » et ne font pas partie des statistiques sur la mortalité. Je n’ai pas vu ce genre de problèmes avec une telle régularité au cours de mes 25 années de pratique médicale en premières lignes.
Une année angoissante
Aller au travail et avoir peur n’est pas quelque chose que la plupart d’entre nous ont ressenti auparavant dans notre carrière. Entendre certaines personnes rejeter la réalité nous surprend et ne fait qu’ajouter du stress. Cette expérience peut créer de l’isolement.
Il n’est pas facile de porter un équipement de protection individuelle (EPI) complet pendant un quart de travail. Nous devons être conscients de tout ce que nous faisons. Un faux pas et nous pourrions être infectés; nous pourrions finir comme l’une de ces personnes malchanceuses.
Revenir à la maison à la fin d’une journée de travail est une véritable épreuve en soi. Nous sommes toujours prudents et méticuleux dans tout ce que nous faisons. Nous sommes tous inquiets de contaminer nos familles. Tout cela peut être extrêmement épuisant.
Se faire vacciner a été un énorme soulagement de tout ce stress refoulé. Tout ce dont j’ai besoin pour avoir une immunité adéquate est de recevoir une deuxième dose trois semaines après la première.
Dans les règles de l’art
Je pourrais toujours attraper une infection légère ou asymptomatique après la vaccination. Nous ne savons pas si cela signifiera que je serai moins contagieux pour les autres. Nous ne savons pas avec certitude si je serai moins susceptible de souffrir de l’une des complications graves d’une infection bénigne. Ces facteurs de stress demeurent.
Avec le temps et grâce à une étude plus approfondie des personnes qui sont vaccinées, nous obtiendrons cette assurance et j’en suis convaincu. Je sais que je serai protégé à 95 %; mes chances de tomber malade et de contracter une forme grave de la maladie sont faibles. Cela en vaut la peine.
Je n’ai aucune inquiétude quant à la sécurité de ce vaccin. Les risques d’infection naturelle sont très clairs pour moi. En comparaison, les risques associés à ce vaccin sont beaucoup plus faibles. J’ai confiance en la science et la recherche sur les vaccins. Je travaille en étroite collaboration avec plusieurs de ces experts. Ce vaccin est très sécuritaire. Il a fait l’objet d’un examen rigoureux et les procédures ont été respectées à la lettre.
Une nouvelle technologie
Ce vaccin est un vaccin à ARN. C’est la première fois que cette technologie est employée chez l’homme, bien qu’elle soit en développement depuis de nombreuses années. L’ARN est comme un code utilisé pour fabriquer des protéines. L’ARN du vaccin fabrique une version de la protéine de spicule trouvée à la surface du virus. Cette protéine de spicule est reconnue par l’organisme comme un corps étranger et c’est ainsi que se développe l’immunité. Après quelques jours, l’ARN se décompose et disparait.
Il est important de se rappeler que lorsqu’un virus naturel nous infecte, il utilise également nos cellules pour se répliquer lui-même. Le vaccin à base d’ARN fonctionne d’une manière semblable, mais nos cellules ne fabriquent qu’une partie du virus au lieu de le reproduire en entier. Cette technologie s’avérera révolutionnaire en médecine et c’est très excitant.
J’ai hâte que le reste de mes collègues de premières lignes soit vacciné. Je me détendrai davantage quand cela se produira; encore plus lorsque le reste de la population sera vaccinée.
C’est la lumière au bout du tunnel que nous attendions tous. Nous avons de nombreuses raisons d’être reconnaissants. Nous pouvons voir clairement la ligne d’arrivée à la fin de cette pandémie!
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